Abstract:
Depuis la création des Etats-Unis d’Amérique, ce pays sait que son destin ne peut être que mondial. Baigné du moralisme de ses pères fondateurs et rapidement détaché des puissances coloniales européennes, l’expansionnisme américain a très vite pris la forme d’une domination continentale qu’aucune autre puissance ne pouvait concurrencer sur son propre continent, avant de se propager déjà en direction de l’Asie et en particulier du Japon. Les deux guerres mondiales gagnées par les Etats-Unis ont achevé la construction de l’hégémonie américaine qui, contrairement aux souhaits de certains et aux fantasmes d’autres, ne sera pas remise en cause d’ici peu. Les Etats-Unis comptent ainsi parmi les pays développés les plus jeunes de la planète, mais font néanmoins à l’heure actuelle tant figure d’épouvantail que d’Eldorado dans les pays des tiers-mondes. Cette fascination et cette répulsion simultanées que provoque de manière paradoxale la première puissance mondiale, se situent pourtant à divers niveaux. Citons parmi ceux-là, les domaines militaire, politique et, bien entendu économique. Pour ce qui concerne plus particulièrement le domaine des médias, ce dernier ne manque pas de cristalliser tout autant de rancoeur, d’envie et de fascination. D’emblée, un constat s’impose : les médias nord-américains tels qu’ils sont conçus et pensés, ont un mode de fonctionnement totalement différent lorsqu’on considère leur rayonnement à l’intérieur des Etats-Unis ou vers le reste du monde. La diversité des attentes des publics vis-à-vis des médias américains est sans doute une des raisons explicatives de cette dichotomie telle qu’elle existe aux échelles nationales et internationales. En réalité, mis à part les médias de l’écrit, les médias audiovisuels américains sont omniprésents et se veulent essentiellement informatifs vers l’intérieur, pour ce qui concerne les sujets dits « intéressants » pour les Américains. Lorsqu’il s’agit de leur rayonnement au-delà du territoire des Etats-Unis, les médias américains se veulent informatifs mais également et surtout porteurs d’un message clair. C’est celui de la démocratie contre la dictature, du Bien contre le Mal, de Dieu contre les athées.Pour ce qui concerne ce rayonnement international, il s’agit aussi, au travers d’une certaine présentation de l’information par ces médias, d’être le véhicule d’une certaine façon de vivre, d’une certaine culture, bref, d’une certaine « Weltanschauung » de l’ « American way of living ». Notons d’emblée cependant que paradoxalement ces mêmes médias n’accordent qu’un intérêt limité aux évènements internationaux sauf s’ils revêtent un caractère extraordinaire ou qu’ils sont directement liés aux intérêts identifiables des Etats-Unis. Chacun sait que le Nord informe le Sud sur le Nord, informe le Sud sur le Sud et quant au Sud, il n’informe pratiquement personne. Ses propres citoyens sont le plus souvent mésinformés, désinformés sinon manipulés. Alors comment s’étonner que, malgré la naissance de chaines d’information dans des pays en voie de développement de plus en nombreuses, CNN soit encore crédible aux yeux du plus grand nombre ? En conclusion il faut d’abord retenir la différence de traitement de l’information aux Etats-Unis en fonction du niveau national ou international des évènements et des publics. Mais tout est fait en particulier pour plaire aux pays des tiers-mondes pour qu’ils se rangent derrière la bannière américaine. Dans une démarche plus impériale que jamais, les médias sont un des rouages essentiels d’une structuration de l’environnement international conforme aux intérêts étasuniens.